À propos de la campagne
Les salaires versés aux travailleurs du secteur du vêtement du Bangladesh ne sont pas suffisants pour échapper à la pauvreté, peu importe leur nombre d’heures travaillées. Cette situation s’est aggravée avec la pandémie de COVID-19.
Les marques et détaillants canadiens ne sont pas différents des autres marques mondiales, car ils cherchent à minimiser les coûts de production à tout prix. En solidarité avec les syndicats représentant les travailleuses et travailleurs du vêtement dans les pays manufacturiers, le Fonds humanitaire des Métallos s’est joint à d’autres syndicats canadiens et à des organisations de la société civile pour s’attaquer aux injustices dans le secteur du vêtement mondial, dans lequel les travailleuses, en majorité des femmes – ainsi que leurs familles, sont les premières victimes de cette « course vers le bas » au cœur de la mondialisation des entreprises.
La campagne vise à:
- Avoir des engagements contraignants de la part des marques de vêtements et des détaillants canadiens afin de garantir un salaire décent aux femmes et aux hommes qui fabriquent nos vêtements tout au long des chaînes d’approvisionnement mondiales.
- Mettre de l’avant les demandes d’autres campagnes mondiales exigeant que les marques protègent de toute urgence les travailleuses et travailleurs de leurs chaînes d’approvisionnement des impacts du COVID-19.
- Sensibiliser les membres du Syndicat des Métallos ainsi que le grand public au concept de salaire viable et à l’écart important entre celui-ci et le salaire moyen actuel d’une travailleuse du vêtement.
Construisons un mouvement syndical fort en diffusant largement les résultats du rapport Même pas le strict minimum du Fonds humanitaire des Métallos et en signant un pacte afin d’appuyer les travailleuses et travailleurs du Bangladesh dans leur lutte pour un salaire viable
Rapport : Même pas le strict minimum
Le Fonds humanitaire des Métallos a publié un rapport choc, intitulé Même pas le strict minimum, qui se penche sur les salaires et les conditions de vie dans le secteur du vêtement au Bangladesh, où travaillent principalement des femmes fabriquant des vêtements dans des manufactures qui approvisionnent des marques et des détaillants de mode canadiens.
Cette recherche, principalement menée par une chercheuse basée à Dacca, a permis de repérer des manufactures qui approvisionnent des marques et des détaillants canadiens, et d’interviewer 35 travailleuses et travailleurs dans neuf manufactures des zones industrielles entourant la capitale bangladaise et la ville portuaire de Chittagong.
Le rapport démontre que les entreprises canadiennes de vêtements ne sont nullement différentes d’autres marques mondiales alors qu’elles cherchent à réduire les coûts de production au dépend de conditions de travail décentes. Les coûts de production retombent sur les épaules des femmes et des hommes qui travaillent dans les manufactures de la chaîne de production. Ce rapport donne la parole à ces travailleuses et travailleurs du vêtement pour parler de leurs conditions de vie et de travail dans leurs propres mots.
Le rapport présente aussi quelques pistes de solutions pour remédier aux conséquences immédiates d’une telle situation sur les travailleuses et travailleurs, notamment des mesures de soutien des salaires et l’établissement d’un fonds mondial de garantie des indemnités de départ. Les marques canadiennes doivent s’engager à payer un salaire viable qui se concrétiserait dans des accords légalement contraignants.
Qu’est-ce qu’un salaire viable?
Un salaire viable est le montant permettant à une travailleuse ou travailleur et sa famille d’avoir accès à des biens de première nécessité tels que la nourriture, des soins de santé, l’éducation, des vêtements et le transport, lors d’une semaine de travail de 48h maximum. Ceci inclut aussi la possibilité de mettre quelques économies de côté pour les imprévus.
Le salaire minimum légal au Bangladesh pour les travailleuses et travailleurs du vêtements (établi en 2018) est de CAD $125 par mois seulement (environ 5$ par jour). De nombreuses femmes qui cousent nos vêtements au Bangladesh gagnent seulement $6 ou $7 par jour, des salaires qui les maintiennent dans la pauvreté, peu importe leurs efforts.
Lorsque la COVID-19 est survenue, les travailleuses de l’industrie du vêtement au Bangladesh n’avaient aucun coussin d’urgence, peu importe le nombre d’années travaillées.
La responsabilité des marques canadiennes de vêtement
Cela fait des années que les marques canadiennes de vêtements bénéficient du déséquilibre entre les acheteurs et les fournisseurs dans l’industrie du vêtement, et de la répression des travailleuses et travailleurs dans les manufactures sous-traitantes. Il est de leur responsabilité de s’assurer que leurs fournisseurs paient des salaires et des conditions de travail décents aux employés.
Au Bangladesh, la catastrophe du Rana Plaza a choqué nombreux consommateurs au Canada, alors qu’ils réalisèrent les conditions terribles dans lesquelles étaient produits leurs vêtements. Afin de répondre aux pressions grandissantes, les marques de vêtements ont par la suite introduit différentes mesures afin d’améliorer la sécurité des manufactures dans cette industrie. Mais la pandémie de COVID-19 a démontré à quel point la vaste majorité d’entre eux restent complètement vulnérables à l’exploitation et aux abus.
Le Fonds humanitaire des Métallos a travaillé de près avec nos partenaires au Bangladesh afin de documenter cette situation, et pour faire ressortir les contradictions entre les mots et les actions des compagnies.
Mais pour changer le système qui donne lieu à ces inégalités, des mesures doivent être prises au niveau mondial. C’est pourquoi les Métallos ont également adhéré à la campagne #PayYourWorkers, qui plaide pour la nécessité pour les détaillants et les marques de vêtements de s’assurer que:
les travailleuses et travailleurs qui fabriquent ces produits reçoivent le plein salaire tout au long de la pandémie COVID-19 et
que les travailleuses et travailleurs qui ont perdu leur emploi à la suite de fermetures d’usines reçoivent l’intégralité de leur indemnité de départ de même que tout salaire qui leur est dû.
Une deuxième campagne internationale – WageForward – sera lancée plus tard cette année, demandant aux détaillants et marques du monde entier à s’engager à payer un prix plus élevé sur toutes leurs commandes afin de garantir que les travailleuses et travailleurs reçoivent un salaire viable.
Comment les Métallos soutiennent les travailleuses du vêtement au Bangladesh?
De concert avec d’autres syndicats canadiens, le Fonds humanitaire des Métallos a été présent afin d’amplifier les voix des femmes, d’apprendre de leur histoire et de les appuyer dans leur lutte. Ainsi, nous avons :
- Organisé deux délégations syndicales canadiennes au Bangladesh, en 2016 et en 2019;
- Fourni un appui au Centre de solidarité des travailleuses et travailleurs du Bangladesh (BCWS) visant à appuyer les travailleuses et travailleurs de l’industrie du vêtement pour en apprendre sur leurs droits et mieux les défendre;
- Demandé aux marques de signer et de réellement implanter l’Accord sur la sécurité incendie et la sécurité des bâtiments au Bangladesh suite à la catastrophe du Rana Plaza, qui a entrainé la mort de 1 134 travailleuses et travailleurs.
- Entrepris des discussions auprès de Canadian Tire (propriétaire de Marks, Sports Check et Sports Experts) en faveur des travailleuses du vêtement. En 2017, 1 000 personnes ont participé à la campagne Agissez au grand jour, pour demander à Canadian Tire de rendre public le nom et les adresses de leurs fournisseurs. En 2018, des militants et militants Métallos de tous les districts se sont rendus à la succursale la plus près et ont rencontré les gérants et gérantes locales.
- Contribué $50,000 à BCWS afin de fournir une aide d’urgence aux familles des travailleuses du vêtement ayant soudainement perdu leur emploi, après que des producteurs et marques de vêtements aient annulé et/ou refusé de payer leurs commandes à cause de la COVID-19.
- Publié « Même pas le strict minimum : les salaires de la main-d’œuvre du vêtement au Bangladesh et la responsabilité des marques canadiennes », un rapport du Fonds humanitaire des Métallos qui document les conditions de travail des femmes et des hommes qui confectionnent les vêtements pour les marques de vêtements canadiennes au Bangladesh.