Dans le cadre d’une carrière de militantisme qui s’est étendue sur cinq décennies, s’achevant après 18 ans en qualité de directeur national pour le Canada du Syndicat des Métallos, Ken Neumann a été reconnu comme l’un des dirigeants syndicaux les plus prééminents au Canada.
C’est au cours de son mandat de directeur national des Métallos que Ken Neumann a aussi laissé son empreinte à l’échelle mondiale, par son engagement à renforcer la solidarité syndicale internationale et à lutter pour une égalité et une justice sociale accrues partout dans le monde.
L’héritage de Ken Neumann est reconnu par sa nomination comme récipiendaire en 2022 du prestigieux prix Sefton-Williams, décerné à des militants et dirigeants canadiens qui ont contribué de manière remarquable aux domaines des relations de travail et des droits de la personne.
Présenté par le collège Woodsworth et le Centre for Industrial Relations and Human Resources de l’Université de Toronto, le prix Sefton-Williams a été ainsi nommé en souvenir de deux anciens dirigeants du Syndicat des Métallos – Lynn Williams (président international de 1983 à 1993) et Larry Sefton (directeur du District 6, de 1953 à 1973).
Parmi les récipiendaires antérieurs du prix figurent l’ancien président international des Métallos Leo Gerard, l’ancien chef du NPD fédéral Ed Broadbent, l’ancienne députée néo-démocrate fédérale Olivia Chow, l’ancien président du Congrès du travail du Canada Bob White et Elaine Bernard, directrice générale du programme Labour and Worklife de la Faculté de droit de Harvard.
Ken Neumann, qui a pris sa retraite en mars de cette année, a reçu le prix le 21 avril dernier lors d’une cérémonie tenue à l’Université de Toronto, durant laquelle il a présenté la conférence commémorative Sefton-Williams, sous le thème Le syndicalisme international dans une économie mondialisée.
«Aujourd’hui, je veux vous parler de l’une des principales réalisations de ma carrière : les efforts de notre syndicat pour renforcer la solidarité ouvrière à l’échelle internationale et à quel point cela est essentiel face à la mondialisation et aux multinationales de plus en plus puissantes», a-t-il déclaré à ses amis et collègues présents à la cérémonie.
«Les personnes qui vantent le programme néo-libéral des entreprises avaient prédit il y a longtemps que la mondialisation du capital et des accords commerciaux des entreprises créerait une plus grande prospérité pour la classe ouvrière. Or, ce que nous observons aujourd’hui est une augmentation des inégalités et de la concentration du pouvoir économique partout dans le monde, et une montée des mouvements et politiques d’extrême droite», a poursuivi Ken Neumann.
«Je crois sincèrement que le seul moyen que nous ayons de contrer ce phénomène réside dans le syndicalisme international et le véritable populisme économique axé sur les travailleuses et travailleurs».
Pour lutter contre la misère qu’engendre la mondialisation, le Syndicat des Métallos a ouvert la voie à l’établissement d’alliances internationales en matière de travail et de justice sociale, en commençant par la création du Fonds humanitaire des Métallos en 1985, a souligné Ken Neumann, qui a été président du Fonds humanitaire pendant 18 ans.
Sous sa direction, le Fonds humanitaire a élargi la portée de son travail, forgé des partenariats avec un nombre croissant d’alliés communautaires, du monde du travail et de la société civile partout sur la planète, aidant d’innombrables travailleurs et appuyant des collectivités dans chaque continent.
Ken Neumann a aussi joué un rôle de premier plan dans les efforts fructueux qu’a déployés le Syndicat des Métallos pour élargir les fédérations et les alliances syndicales internationales, représentant des millions de travailleurs dans chaque continent. De telles alliances ont exercé leur pleine influence pour appuyer certains des travailleurs les plus exploités dans le monde, a-t-il constater.
Un parfait exemple est survenu à la suite de la tragédie survenue au Rana Plaza, au Bangladesh en avril 2013, lorsqu’une usine de vêtements de plusieurs étages s’est effondrée, tuant plus de 1100 travailleurs et en blessant des milliers d’autres. La vaste majorité des victimes étaient des femmes, qui travaillaient dans des conditions les plus médiocres et pour des salaires parmi les plus faibles au monde à confectionner des vêtements destinés à des marques de vêtements les plus renommées et riches au monde, y compris des entreprises canadiennes.
Ken Neumann s’est rendu au Bangladesh à l’occasion du premier anniversaire de la tragédie en 2014. Même aujourd’hui, il trouve éprouvant de raconter son expérience, a-t-il admis, faisant une pause pour maintenir son calme alors qu’il décrit avoir vu directement les répercussions des décès et des souffrances.
«Je dois dire que je n’étais pas préparé pour ce que j’ai vu et vécu au Bangladesh. Cela a été un de ces moments qui vous ébranlent jusqu’au plus profond de vous-même et qui vous changent à jamais.»
Ken Neumann, le Syndicat des Métallos et une très grande partie du mouvement syndical mondial se sont engagés à livrer une lutte implacable pour améliorer les conditions des travailleuses du vêtement au Bangladesh. Le Syndicat des Métallos et ses alliés ont travaillé en étroite collaboration avec le Bangladesh Center for Worker Solidarity et ont finalement réussi à faire pression sur de nombreuses marques de vêtements pour qu’elles acceptent l’Accord sur la sécurité incendie et bâtiments au Bangladesh, un accord inédit et ayant force obligatoire.
«Les résultats ont été remarquables. Les manufactures au Bangladesh sont beaucoup, beaucoup plus sécuritaires d’un point de vue structurel et de la sécurité incendie», a indiqué Ken Neumann.
Malgré tout, les travailleuses du vêtement au Bangladesh et ailleurs continuent d’être exploitées, et le mouvement syndical international poursuivra ses efforts en vue de réformes plus importantes.
La solidarité ouvrière internationale aide également les Métallos au Canada et aux États-Unis à renforcer leur pouvoir de négociation et à résister aux attaques des entreprises contre leurs conditions de travail et leurs niveaux de vie. De telles campagnes mondiales ont permis à des membres de notre syndicat d’affronter les attaques des multinationales, notamment des géants des ressources comme Rio Tinto, Vale et Teck Resources, a fait remarquer Ken Neumann.
«Nous devons continuer d’élargir la solidarité ouvrière à l’échelle globale si nous voulons réaliser les changements économiques et politiques essentiels pour renverser les effets destructeurs de la mondialisation que dirigent les entreprises. La lutte de la classe ouvrière ne connaît pas de frontières internationales, et ne devrait pas en avoir. Les travailleuses et travailleurs du monde entier ont plus en commun les uns avec les autres qu’avec leurs patrons, peu importe où ils vivent,» a-t-il affirmé.
«Je sais que la lutte va être poursuivie, non seulement par notre syndicat, mais par les syndicats partout dans le monde, dans tous les secteurs économiques», a conclu Ken Neumann.
Renseignez-vous davantage sur la campagne des Métallos pour soutenir les travailleuses du vêtement au Bangladesh à obtenir de meilleures conditions de travail.
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