Entre 1943 et 1979, des dizaines de milliers de travailleurs canadiens, essentiellement dans les mines, mais également à d’autres sites industriels, devaient subir la «thérapie» d’inhalation de la poussière d’aluminium toxique.
Il n’y avait aucun consentement éclairé. Les travailleurs étaient obligés, comme condition d’emploi, d’inhaler de la poussière d’aluminium finement moulue appelée poudre McIntyre.
La thérapie de la Poudre McIntyre était un faux traitement médical expérimental basé sur une théorie non prouvée qui, prétendument, prévenait la silicose. La théorie était fausse et les résultats catastrophiques. Des milliers de travailleurs sont tombés malades et de nombreux autres en sont morts.
Les sociétés minières ont choisi d’exposer les travailleurs à l’inhalation de poussière d’aluminium pendant des décennies parce que cela revenait moins cher que de mettre en place des mesures de sécurité réellement efficaces pour prévenir la silicose.
«Il s’agissait d’une solution bon marché à une maladie professionnelle de longue date, mise au point par l’industrie minière du nord de l’Ontario pour diminuer leurs risques financiers et juridiques une fois que la silicose a été reconnue comme une maladie professionnelle indemnisable en Ontario», explique Janice Martell, fille d’un mineur et fondatrice du Projet de la poudre McIntyre.
Selon Janice, «L’option plus coûteuse, mais reconnue efficace, était pour les mines d’installer une bonne ventilation et d’établir un meilleur contrôle de la poussière afin de réduire l’exposition des mineurs à la cause de la silicose».
Janice Martell a fondé le Projet de la poudre McIntyre afin de documenter les problèmes de santé et chercher à obtenir une indemnisation pour son père, Jim Hobbs, et d’autres mineurs qui ont dû subir la thérapie d’inhalation de poussière d’aluminium.
Jim Hobbs a été obligé d’inhaler de la poudre McIntyre au commencement de chaque quart alors qu’il travaillait dans une mine d’uranium à Elliot Lake, en Ontario. Voici en quoi consistait le rituel quotidien :
- Avant de descendre dans la mine, Jim Hobbs et ses camarades mineurs devaient prendre place sur des bancs alignés dans une grande salle, où on fermait les portes et coupait la ventilation.
- Des conduites d’air comprimé, connectées à des contenants de poudre McIntyre perforés, soufflaient la poussière d’aluminium dans la pièce la remplissant d’un nuage noir. Un superviseur disait aux mineurs de «respirer profondément» tandis que la «thérapie» débutait.
- Jim Hobbs se rappelait la sensation de lourdeur qu’il ressentait dans la poitrine et à quel point sa peau et ses vêtements étaient noircis, le goût métallique qui se formait dans sa bouche, et que lui et ses collègues toussaient et suffoquaient tout au long du processus.
- Après 10 minutes, les portes s’ouvraient et Jim Hobbs et les autres mineurs commençaient leur quart sous terre.
Jim Hobbs a contracté la maladie de Parkinson et il est décédé en 2017. Comme beaucoup d’autres mineurs, il s’est vu refuser des indemnités d’accidents du travail, le gouvernement de l’Ontario n’ayant pas encore reconnu son état comme une maladie professionnelle. Sa famille a obtenu des prestations de survivants trois ans après son décès.
À ce jour, l’Ontario est la seule compétence au Canada à reconnaître la maladie de Parkinson comme une maladie professionnelle indemnisable liée à l’exposition des travailleurs à la poudre McIntyre.
Le Syndicat des Métallos, le Projet de la poudre McIntyre et d’autres groupes se sont engagés à réclamer d’autres recherches et à se battre pour une plus grande reconnaissance des liens entre l’exposition à la poudre McIntyre et d’autres maladies professionnelles.
www.metallos.ca
www.mcintyrepowderproject.com
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