Chaque année, le 28 avril, nous commémorons le Jour de deuil national. Ce jour marque l’adoption, en 1914, de la première loi sur l’indemnisation des travailleurs. Nous nous réunissons pour nous souvenir et pour témoigner des vies perdues sur les lieux de travail et pour renouveler notre engagement à lutter pour les vivants.
L’année 2024 marque le 50e anniversaire de la grève sauvage d’Elliot Lake (Ontario), au cours de laquelle des mineurs d’uranium, membres du Syndicat des Métallos, ont débrayé pour protester contre la rétention d’informations par leur employeur sur les causes des décès des travailleurs. Cette lutte a abouti à l’adoption de la Loi sur la santé et la sécurité au travail, en Ontario et a entraîné d’importantes modifications du Code canadien du travail, incluant notamment des droits fondamentaux en matière de santé et de sécurité : le droit de refuser un travail dangereux, le droit de savoir et le droit de participer.
Nous soulignons également en 2024, le 20e anniversaire de la Loi Westray, nommée en mémoire des 26 travailleurs qui ont péri inutilement lors de l’explosion de la mine Westray à Plymouth, en Nouvelle-Écosse, en 1992. À la suite de cette catastrophe évitable, les syndicats canadiens, avec à leur tête les Métallos, ont fait pression pour que la loi soit modifiée et que les employeurs puissent être reconnus coupables de négligence criminelle. En 2004, les amendements de la Loi Westray apportés au Code criminel du Canada sont entrés en vigueur, permettant aux entreprises d’être tenues criminellement responsables des décès et des blessures survenus sur le lieu de travail.
Toutefois, depuis son adoption, la Loi Westray a rarement été appliquée pour tenir les employeurs criminellement responsables des décès et des blessures survenus sur le lieu de travail. Les quelques condamnations qui ont eu lieu se sont généralement soldées par des amendes, que les grandes entreprises peuvent facilement se permettre de payer. Lorsque la négligence criminelle entraîne la mort, les employeurs et leurs représentants doivent aller en prison. Les politiciens continuent, encore aujourd’hui de se ranger derrière les intérêts des entreprises en affaiblissant les lois en matière de santé et de sécurité, tant au niveau provincial que fédéral.
Tous les décès ou toutes les blessures graves survenant sur le lieu de travail ne sont pas le résultat d’une négligence criminelle, mais chaque travailleuse et travailleur mérite que de telles situations fassent l’objet d’une enquête en bonne et due forme, pour que la véritable cause puisse être déterminée. Il y a eu trop de décès au travail au cours des 20 années qui se sont écoulées depuis l’entrée en vigueur de la Loi Westray. Les employeurs n’ont pas été tenus responsables, en raison d’un nombre insuffisant d’enquêtes, d’un manque de preuves, ou parce que les procureurs de la Couronne ont décidé de ne pas engager de poursuites.
Nous avons besoin d’une application beaucoup plus rigoureuse de la Loi Westray. Tous les niveaux de gouvernement doivent s’engager à fournir les ressources financières et humaines nécessaires, à assurer une meilleure formation et à coordonner les efforts de toutes les personnes chargées de l’application de la loi, des organismes de réglementation aux forces policières et aux procureurs.
C’est l’employeur qui exerce le plus grand contrôle sur le lieu de travail. Bien trop souvent, c’est l’argent qui est au centre de leurs préoccupations. Si les employeurs ont besoin de profits pour créer des emplois, cela ne devrait jamais se faire en négligeant la vie d’une travailleuse ou d’un travailleur. Si les efforts déployés par les employeurs pour éviter de rendre des comptes étaient plutôt consacrés à la sécurité, et si l’argent qu’ils paient en amendes était investi dans la sécurité, les résultats se traduiraient par une diminution du nombre de décès au travail, comparativement au nombre relativement constant de décès signalés chaque année.
Nous avons besoin d’un changement de culture dans la société. Nous avons besoin d’un travail sécuritaire … maintenant !
En ce 28 avril, le Jour de deuil national :
Le 28 avril, réaffirmez votre engagement à :
- Sensibiliser les autres de leurs droits en matière de santé et de sécurité, à leurs responsabilités et aux mesures de prévention.
- Insister sur des programmes efficaces de prévention sur le lieu de travail, élaborés avec la pleine participation des travailleur.euse.s
- Insister sur la formation qui soutient l’identification, l’évaluation et le contrôle des risques sur le lieu de travail
- Encourager les médias locaux à rendre compte des questions de santé, de sécurité et d’environnement.
- Faire pression sur les élus pour qu’ils soutiennent des réglementations plus strictes et une meilleure application des lois existantes.
- Créer des monuments pour sensibiliser le public à la santé et à la sécurité sur le lieu de travail.
En toute solidarité,
Marty Warren
Directeur national pour le Canada
Scott Lunny
Directeur du District 3 (Ouest du Canada et Territoires)
Dominic Lemieux
Directeur du District 5 (Québec)
Myles Sullivan
Directeur du District 6 (Ontario et Canada atlantique)
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