Pour une loi anti-briseurs de grève au fédéral
QUÉBEC – Quelque 200 militants syndicaux provenant de plusieurs régions du Québec sont allés manifester devant le siège social d’Océan remorquage aujourd’hui à Québec en appui à la dizaine de travailleurs et travailleuses en grève depuis le 20 juin dernier. Ils revendiquent une loi anti‑briseurs de grève au fédéral, à l’instar de ce qui s’applique pour la majorité des travailleurs québécois en vertu du Code du travail.
«Des conflits comme on en voit chez Océan remorquage se seraient réglés depuis longtemps si cette compagnie ne profitait pas de l’absence d’une loi anti-briseurs de grève au fédéral. Le gouvernement s’est engagé à y remédier, à légiférer pour empêcher le recours à des travailleurs de remplacement. Il doit aller de l’avant rapidement. C’est important pour les pères et mères de famille qui subissent un conflit de travail parce que les employeurs profitent d’un passe-droit», fait valoir le directeur québécois des Métallos, Dominic Lemieux.
Des métallos et des membres d’autres syndicats affiliés sont aussi venus appuyer les grévistes d’Océan remorquage ainsi que les lockoutés du Port de Québec, eux-mêmes présents en grand nombre, pour revendiquer d’une même voix une loi anti-briseurs de grève au fédéral.
La dizaine de matelots d’Océan remorquage est en grève depuis le 20 juin dernier, et sans contrat de travail depuis avril 2021. Les négociations achoppent sur les salaires et les horaires de travail. Les salaires proposés sont nettement en deçà de l’industrie et les demandes de modification aux horaires de travail mettent la hache dans la conciliation travail-famille et équivalent à des diminutions de salaire.
«Chaque jour, des «scabs» nous passent sous le nez, ils viennent conduire nos bateaux, miner nos négociations. Le pire, c’est que la compagnie les paie même plus cher que ce qu’ils nous refusent à nous en négociation. À cause des « scabs », parce qu’il n’y a pas une loi anti-scabs au fédéral, on risque de passer Noël sur une ligne de piquetage, plutôt qu’avec notre famille, ou encore à faire le métier qu’on aime», explique le porte-parole des grévistes d’Océan remorquage, membre de la section locale 9599 des Métallos, Pascal Delisle.
En novembre dernier, le ministre fédéral du Travail, Seamus O’Regan, a promis le dépôt d’un projet de loi sur les travailleurs de remplacement d’ici décembre 2023, lançant du même coup une consultation sur le sujet. Le Syndicat des Métallos entend «talonner le gouvernement et les différents partis pour que cet engagement soit tenu», plaide le directeur canadien des Métallos, Marty Warren, qui était présent à la manifestation à Québec. «Il faut mettre fin à cette pratique profondément inéquitable et injuste. Il en va de la paix industrielle au Canada. On voit que les marges de profit des compagnies ne cessent de grandir avec la pandémie. Il est temps de rétablir un meilleur équilibre dans les négociations entre les employeurs et les travailleurs», ajoute Marty Warren.
Le Syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, est le plus important syndicat du secteur privé au Québec. Il regroupe plus de 60 000 travailleurs et travailleuses de tous les secteurs économiques.
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