Suivre le fil de l’ilménite pour la défense des droits à Madagascar
Depuis 2019, le Fonds humanitaire des Métallos (FHM) appuie un projet de renforcement des capacités syndicales et la création de liens de solidarité auprès de partenaires syndicaux représentant des employé-e-s de la mine QMM, propriété de la multinationale Rio Tinto. L’ilménite, le minerai principalement exploité sur le site, termine son long voyage en bateau dans les usines de transformation de RioTinto, à Sorel, au Québec. Mais alors que les matières premières circulent à travers le monde sans entrave, les travailleurs et travailleuses d’un bout à l’autre de cette chaine n’ont normalement pas l’occasion de communiquer entre eux afin de connaitre leurs réalités respectives.
Ce projet vise entre autres à combler cette distance en favorisant la collaboration et la communication entre les syndicalistes malgaches et québécois qui partagent un employeur commun. Dans ce contexte, une délégation du FHM s’est récemment rendue à Fort-Dauphin, située sur la pointe sud de l’île de Madagascar, pour la première fois en cinq ans. La responsable du service de l’éducation des Métallos au Québec, Maude Raîche, et le président de la section locale 7493 à Sorel, Patrick Sarrazin, ont ainsi pu participer à cette aventure, une immersion dans une communauté complètement façonnée par les activités de la compagnie.
Comme bien des communautés éloignées au Canada dont l’économie locale est largement dépendante d’un employeur, Fort-Dauphin et ses environs ressentent très fortement l’empreinte du géant minier. Car bien que les redevances apportées par RioTinto soient considérables dans ce pays considéré l’un des plus pauvres au monde, de nombreux locaux dénoncent le fait que les bénéfices se font encore attendre.
Au niveau syndical, les partenaires locaux du FHM défendent vaillamment les droits de leurs membres, dans un contexte où la compagnie fait principalement appel à des sous-traitants plutôt que des employés permanents. Il s’agit là de l’un des points centraux du plaidoyer des Métallos auprès de la compagnie. C’est dans ce contexte que Patrick et Maude ont coanimé une formation sur la gestion de conflits. À travers ce partage d’expériences, le groupe a pu traiter de la nécessité de connaître et de défendre ses droits et de l’importance de l’action syndicale et politique pour améliorer les conditions de travail et de vie des syndiqué-e-s et de la communauté.
Tout comme la distance qui nous sépare de nos collègues malgaches est énorme, la réalité dans laquelle ces derniers évoluent est très loin de la nôtre. Dans les mots de Maude, « si ici on se syndique pour se faire respecter et pour obtenir justice, là-bas, je dirais qu’on se syndique pour s’assurer d’avoir suffisamment pour manger et se loger et si on y arrive; pour mettre en place le nécessaire pour sortir en vie de sa journée de travail. » Alors qu’une nouvelle phase d’exploitation à Fort-Dauphin s’amorce bientôt, l’importance de notre solidarité syndicale reste entière afin de continuer à soutenir nos camarades dans leurs luttes, et ainsi relever le niveau pour tous les travailleurs et travailleuses à travers la chaîne d’approvisionnement de RioTinto.
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