Le 24 avril 2024 sera le 11e anniversaire de l’effondrement de l’usine de vêtements du Rana Plaza à Dhaka, au Bangladesh. Cette terrible tragédie, qui aurait pu être évitée, a tué plus de 1 134 travailleurs et travailleuses et en a blessé plus de 2 600 autres et révélé les conditions horribles dans lesquelles des millions de personnes travaillent dans une industrie non réglementée, non seulement au Bangladesh mais aussi dans des douzaines d’autres pays.
La tragédie a incité à des années d’initiatives et de campagnes mondiales. Faisant écho aux revendications des survivants et des familles des victimes, ces efforts visaient à mettre en évidence la responsabilité des marques de mode internationales à l’égard des épouvantables conditions de travail et des salaires de misère dans leurs chaînes d’approvisionnement, à appeler les gouvernements à assurer l’application de normes mondiales en matière de travail et de santé et sécurité et à exiger que les accords sur le commerce et l’investissement comprennent des protections des droits humains et syndicaux, y compris le droit de se syndiquer et de négocier collectivement.
Malgré des années d’efforts coordonnés mondialement pour améliorer la sécurité dans les usines du secteur et le grand succès de la collaboration entre les marques internationales, les syndicats mondiaux et les gouvernements, il reste de nombreux rapports sous lesquels les progrès ont été beaucoup trop lents pour les travailleurs et travailleuses et les activistes.
Pour vraiment amélioirer la situation, il faut traiter les droits de travailleurs et travailleuses à l’échelle mondiale en même temps que les engagements soutenus à assurer la sécurité dans les usines, en commençant par garantir la capacité des travailleurs et travailleuses de se syndiquer collectivement. Pourtant, au Bangladesh, des travailleurs et travailleuses et des personnes qui militent en faveur des droits syndicaux continuent de se faire tuer et criminaliser pour avoir protesté contre des salaires de misère, tenté d’adhérer à un syndicat ou d’en créer un ou appelé à l’élimination de la discrimination à l’égard des travailleuses.
Un des principaux outils permettant d’aller de l’avant serait l’adhésion par le Bangladesh au plan quinquennal de 2021 à 2026 de l’Organisation internationale du Travail visant à améliorer l’application des principales normes du travail que comprennent la Convention sur l’inspection du travail, la Convention sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical et la Convention sur le droit d’organisation et de négociation collective.
La surveillance suivie de l’avancement du plan quinquennal indique que les travailleurs et travailleuses du Bangladesh n’ont pas la liberté de se syndiquer. Les travailleurs et travailleuses syndiqués ont très peu de latitude pour négocier des conventions collectives, les travailleurs et travailleuses et les recruteurs syndicaux continuent de faire couramment l’objet de violence, les travailleuses font l’objet de discrimination, et les modifications apportées aux lois sur le travail au Bangladesh sont minimes.
Les syndicats du Canada travaillent avec les organisations syndicales et les syndicats du Bangladesh depuis avant le désastre du Rana Plaza survenu en 2013 à la promotion de l’amélioration des conditions de travail dans le secteur du vêtement. En ce triste anniversaire, nous amplifions nos revendications :
- que le Canada adopte une loi sur la diligence raisonnable obligatoire en matière de droits de la personne qui exige que les entreprises préviennent le risque de préjudice pour les personnes et l’environnement dans l’ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement et adoptent des procédures appropriées pour minimiser ce risque, réparer tout préjudice existant et faire tout leur possible pour prévenir les nouveaux préjudices. Si une entreprise ne prend pas ces mesures, la loi doit donner aux personnes auxquelles ses actions nuit le pouvoir de demander réparation devant les tribunaux canadiens;
- que les marques signent l’Accord international sur la santé et la sécurité dans l’industrie du textile et de la confection, successeur de l’Accord sur la sécurité-incendie et la sécurité des bâtiments au Bangladesh, pour promouvoir les inspections indépendantes de la sécurité et des mécanismes de plainte afin d’accroître la sécurité dans les usines et de prévenir les incidents causant un grand nombre de morts ou de blessés;
- que les marques exigent que leurs fournisseurs retirent sur-le-champ toute plainte au criminel contre des travailleurs ou travailleuses découlant des manifestations de 2023 sur le salaire minimum et renversent toutes les autres représailles contre des travailleurs et travailleuses;
- que le Bangladesh mette fin à la répression contre le personnel du secteur du vêtement et reconnaisse les droits fondamentaux que sont le droit d’association et le droit de se syndiquer;
- que le Bangladesh assure une indemnisation financière répondant aux normes internationales à toutes les victimes du Rana Plaza et à leurs familles;
- que le Bangladesh appuie l’appel des familles et des communautés de travailleurs et travailleuses à la construction d’un monument commémoratif sur les lieux de la tragédie du Rana Plaza afin de rendre hommage aux personnes qui ont perdu la vie ou dont la vie a changé à jamais par suite de la tragédie.
Cliquez ici pour participer à la lutte en laissant un message commémorant les victimes du désastre du Rana Plaza sur un monument commémoratif virtuel et inciter les grandes marques internationales à signer l’Accord international sur la santé et la sécurité dans l’industrie du textile et de la confection, à assurer la sécurité au travail et à reconnaître le droit des travailleurs et travailleuses de se syndiquer, de refuser un travail dangereux et de signaler des sujets d’inquiétude en matière de santé et de sécurité.
Partagez sur Facebook