Quand la nouvelle aluminerie d’Alma a atteint sa pleine production, il y a plus de 20 ans, 57 femmes y travaillaient. Bien que les femmes ne représentaient qu’une minorité parmi les quelque 700 employés de l’usine, leur nombre était nettement supérieur à la moyenne dans ce type d’installations industrielles à prédominance masculine.
« À ses débuts, vers 2001, on était 57 femmes à l’opération, ce qui était, je pense, un genre de record absolu dans l’industrie, ou en tous cas dans la région assurément », se rappelle la militante Mélanie Tremblay, de la section locale 9490 des Métallos, qui représente les syndiqué.e.s de l’usine.
Toutefois, dans les années qui ont suivi l’ouverture de l’aluminerie, la proportion de femmes à l’usine a diminué de plus de 50 %.
« Avec les années, on en a perdu plusieurs, pour des raisons diverses, et on s’est ramassé autour de 26 travailleuses syndiquées autour de l’année 2010, poursuit Mélanie Tremblay. Il y avait de l’embauche, mais très peu d’embauche féminine. Alors c’est devenu un enjeu pour notre syndicat. »
En 2020, le comité de la condition féminine de la SL 9490 a rencontré la direction de l’aluminerie de Rio Tinto Alcan afin de discuter de la création d’un processus visant à remédier aux problèmes auxquels les travailleuses étaient confrontées dans l’usine. Un processus paritaire a été lancé en mars 2021, dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes et de la nouvelle campagne des Métallos, Monter le niveau de la santé et sécurité pour les femmes.
« Notre comité avait identifié parmi les problèmes le manque d’embauches de femmes, explique Mélanie Tremblay. On a pensé qu’il serait intéressant, pour l’embauche et la rétention des travailleuses au sein de l’usine, d’avoir un petit moment avec les femmes, de leur parler, de les accueillir. »
Le comité de la condition féminine du syndicat a donc lancé, avec l’appui de l’employeur, son propre programme d’orientation pour les travailleuses nouvellement embauchées à l’usine.
« Lors de la première rencontre avec une travailleuse nouvellement embauchée, la compagnie nous laisse la salle avec elle. On discute et on lui donne un dépliant avec des liens et des numéros de téléphone pour rejoindre les membres du comité de la condition féminine et d’autre personnes ressources. Ça nous permet de les accueillir d’une façon un peu plus personnalisée au niveau syndical et surtout au niveau de la condition féminine. »
Le comité de la condition féminine conçoit également un programme de mentorat dans le cadre de ses efforts pour appuyer les femmes dans le lieu de travail.
« On voulait aussi mettre en place un système de marrainage, pour que, si quelqu’un avait un problème pour une raison ou une autre, avec les tâches de travail ou s’il y avait quelque chose de compliqué, elle pourrait se référer à une femme, précise Mélanie Tremblay. Certes elles pourraient aussi demander à un collègue masculin, mais c’est parfois un peu gênant pour une femme de s’adresser aux collègues masculins si on a des difficultés. Alors, c’est la deuxième partie de notre programme, qui se fait, dans le fond, selon le besoin de la travailleuse. »
Aujourd’hui, l’aluminerie d’Alma compte environ une cinquantaine de femmes et les efforts déployés pour en accueillir davantage suscitent un regain d’optimisme. Mélanie Tremblay salue les dirigeant.e.s de sa section locale, ainsi que l’employeur, pour avoir soutenu le travail du comité de la condition féminine.
« Depuis le début, le président de notre syndicat y a cru beaucoup. En même temps, du côté patronal, le directeur d’usine était vraiment ouvert à la diversité, indique-t-elle. L’employeur a des cibles pour faire augmenter le nombre de femmes dans l’usine. On voit cette ouverture. Les employeurs ne peuvent pas se passer de 50 % de la main-d’œuvre potentielle. Il y a encore du chemin à faire, mais la compagnie s’est impliquée et c’est un partenariat. »
Lors de la dernière réunion du Réseau des femmes du secteur industriel des Métallos, Mélanie Tremblay a apporté son soutien et ses conseils aux militantes des comités de la condition féminine d’autres sections locales qui envisageraient de mettre en place un programme d’orientation semblable.
« Le premier conseil serait de s’assurer que l’exécutif de la section locale soit ouvert à cette démarche. C’est sûr que l’appui de notre exécutif a été essentiel, pour ensuite aller demander ces rencontres de l’employeur », souligne-t-elle.
Mélanie Tremblay se dit également disposée à s’entretenir avec d’autres Femmes d’acier pour les soutenir dans leurs démarches. On peut la joindre à : melanietremblay9490@gmail.com.
« L’objectif est de renforcer le recrutement et la rétention des travailleuses et de leur apporter le soutien dont elles ont besoin pour réussir », conclut-elle.
Partagez sur Facebook