TORONTO – Un rapport publié aujourd’hui par le Fonds humanitaire des Métallos établit pour la première fois un lien clair entre des détaillants canadiens et des manufactures de vêtements au Bangladesh qui maintiennent leurs employés, principalement des femmes, dans la pauvreté et une misère sans fin.
Le rapport, intitulé Même pas le strict minimum, demande aux marques et détaillants canadiens de s’engager enfin à verser des salaires viables et à fournir d’autres soutiens essentiels à la main-d’œuvre appauvrie de leurs chaînes mondiales d’approvisionnement.
Le rapport lie des détaillants canadiens comme Joe Fresh, Lululemon, L’Équipeur et d’autres à des manufactures de vêtements au Bangladesh qui paient des salaires de misère.
« Les marques canadiennes sont restées silencieuses face à leur responsabilité de respecter le droit des travailleuses et travailleurs à un travail décent dans l’ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement », a déclaré Ken Neumann, président du Fonds humanitaire des Métallos et directeur national du Syndicat des Métallos (Métallos).
« Il est temps que les marques canadiennes reconnaissent publiquement qu’elles ont une responsabilité à l’égard des travailleuses et travailleurs et qu’elles s’engagent de façon crédible à verser des salaires viables non seulement au Bangladesh, mais dans l’ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement mondiales », a ajouté le président.
Le Fonds humanitaire des Métallos, un organisme de charité enregistré financé par les contributions des membres du Syndicat des Métallos, a fait appel à une chercheuse au Bangladesh pour mener des entrevues auprès des travailleuses et travailleurs du vêtement et se pencher sur leurs conditions de travail. Les manufactures au Bangladesh qui approvisionnent les marques canadiennes ont pu être localisées grâce aux renseignements fournis publiquement par les marques elles-mêmes et au traçage d’expéditions enregistrées dans une base de données sur les importations commerciales.
Les femmes qui travaillent dans les manufactures de vêtements bangladaises qui approvisionnent les marques canadiennes gagnent de 6 $ à 7 $ par jour seulement. Le rapport comprend de longs témoignages de ces femmes, qui révèlent comment elles sont prises dans un cycle de pauvreté et de précarité, peu importe leurs efforts et le nombre d’heures au travail.
« Tu travailles et tu travailles, des quarts de 12 à 15 heures, six jours par semaine, pensant que la chance va te sourire. Trente ans, et chaque mois, je m’inquiète toujours à savoir si je vais recevoir mon prochain chèque de paie, si je vais avoir assez d’argent durant le mois », a indiqué une travailleuse chez Standard Stitches, une manufacture qui produit des vêtements pour L’Équipeur.
« Quand je vois le visage des enfants lorsque je leur présente la nourriture, j’en ai le cœur brisé. Je travaille aussi dur que possible, mais à quoi bon si je ne peux même pas les nourrir convenablement? », a mentionné une employée de YoungOne (CEPZ) Ltd., qui approvisionne Lululemon.
Il est fondamental pour les marques et détaillants canadiens de défendre la main-d’œuvre de leurs chaînes d’approvisionnement qui fait continuellement face à des « tactiques antisyndicales et à des violations de leurs droits », a soutenu Kalpona Akter, une défenseure des droits des travailleuses du vêtement du Bangladesh mondialement reconnue.
« Chaque jour, nous voyons le désespoir, le déchirement, la colère, mais aussi le courage des travailleuses et travailleurs pris dans le piège de la pauvreté », a ajouté Kalpona, directrice générale du Bangladesh Centre for Worker Solidarity et présidente de la Bangladesh Garment and Industrial Workers Federation.
« Les entreprises canadiennes ont la responsabilité envers les travailleuses et travailleurs de leurs chaînes d’approvisionnement de leur payer un salaire viable, de respecter leurs droits, d’atténuer les répercussions de la COVID-19 et de s’assurer que ces personnes et leurs familles ont les moyens de survivre. »
En plus d’un engagement à payer des salaires viables, le rapport demande aux marques et détaillants canadiens de contribuer à un fonds de garantie des indemnités de départ visant à soutenir la main-d’œuvre du vêtement touchée par les fermetures liées à la pandémie.
Selon Ken Neumann, le syndicat conçoit la lutte des travailleuses et travailleurs du vêtement au Bangladesh comme étant étroitement liée à celles de la population ouvrière au Canada. Dans de nombreuses industries, les Métallos sont confrontés aux mêmes dynamiques de pouvoir qui affaiblissent les droits et font baisser les salaires, et à la même lutte en faveur de l’équité des genres et pour des lieux de travail sécuritaires. « Nous ne devons jamais ignorer que les droits des travailleurs partout dans le monde sont interreliés », a-t-il fait remarquer.
Même pas le strict minimum, peut être consulté ici dans sa version intégrale. Parallèlement à ce rapport, le Syndicat des Métallos a lancé une campagne, Justice pour les travailleuses du vêtement du monde, demandant aux marques canadiennes de faire connaître publiquement leurs engagements envers des salaires viables et de meilleures conditions de travail.
Ken Neumann, président, Fonds humanitaire des Métallos, 416 544-5951
Guillaume Charbonneau, Fonds humanitaire des Métallos, 819 592-1443 (cell.), gcharbonneau@usw.ca
Shannon Devine, Communications, Syndicat des Métallos, 416 894-7118 (cell.), sdevine@usw.ca
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